• LE CULTE EN ESPRIT ET EN VERITE

    DANS L’EGLISE 

    Quelques réflexions pastorales 

    Jean-Marc AUSSET 

     

    Textes bibliques de référence : 

    Jean 4 v 23 : « Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le père demande. Dieu est esprit et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. » 

    Philippiens 3 v 3 : «  Les circoncis, c’est nous qui rendons à Dieu notre culte par l’Esprit de Dieu, qui nous glorifions en Jésus-Christ, et qui ne mettons pas notre confiance en la chair. » 

    Hébreux 12 v 28-29 : « C’est pourquoi, recevant un royaume inébranlable, montrons notre reconnaissance en rendant à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec piété et avec crainte, car notre Dieu est aussi un feu dévorant. » 

    Hébreux 12 v 22-24 : « Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, des myriades qui forment le chœur des anges, de l’assemblée des premiers-nés inscrits dans les cieux, du juge qui est le Dieu de tous, des esprits des justes parvenus à la perfection, de Jésus qui est le médiateur de la nouvelle alliance, et du sang de l’aspersion qui parle mieux que celui d’Abel. »

     

    I)  Préambule : 

    Les lignes qui vont suivre sont issues d’une prédication qui traitait de la façon dont nous venons rendre un culte à notre Dieu et dans quel état d’esprit.

    Notre pratique de cet exercice éminemment spirituel est-elle toujours à la hauteur des attentes de notre Dieu ?

    Quels peuvent être les facteurs qui nous en écartent ?

    Ces questions sont d’importance car c’est de leurs réponses que vont dépendre à la fois la richesse de notre communion avec le Seigneur et de notre enrichissement spirituel. 

    Nb : le style oral de la prédication a été en partie conservé

     

    II) Du vrai « culte » : 

    Le terme « culte » est si dense, si riche de sens, si ancien et riche d’histoire, si galvaudé aussi, si souvent employé à mauvais escient, si multiforme, mais aussi, si central dans son acception chrétienne, qu’il m’a fallu me laisser remettre en cause, déterminer les limites de son étude tant le sujet est vaste, trouver enfin une porte d’entrée pour avoir un regard renouvelé sur la personne de Celui qui en est le centre, le Dieu créateur et sauveur.

    Rappelons qu’indépendamment des formes qu’il peut revêtir, le culte chrétien associe intimement le service et l’adoration si l’on se réfère au grec.

    Ainsi, rendre un culte à notre Dieu, c’est venir l’adorer et le servir.

     

     

      1) Nécessaires remises en cause : 

           a) Considérations sur les motifs de participation au culte dominical : 

     Il est nécessaire de s’interroger sur les raisons qui poussent les chrétiens à franchir semaine après semaine le seuil de leur temple ou de leur église.

    Certes, aucun des motifs que je vais évoquer ne mérite une désapprobation quelconque, car ce sont tous des motifs honorables et même vertueux !

    Nous exclurons donc de cette liste les raisons peu louables liées à la routine, au formalisme ou encore, à la crainte d’être mal vu en cas d’absence renouvelée ! 

    Ici, nous n’évoquerons que les bonnes raisons de notre présence au culte. Il y en a au moins deux :

    La première, sans laquelle la seconde ne serait pas, pourrait s’énoncer ainsi : venir ensemble, en un même lieu, pour rencontrer notre Dieu, pour l’adorer, pour le louer, pour Lui rendre gloire,  pour recevoir ses instructions, pour partager le repas du Seigneur, pour réaliser ici et maintenant l’unité du corps de Christ.

    Tel est l’objet premier du culte dominical ! 

    La seconde : partager la joie de la communion fraternelle, du bien-être ensemble, des échanges de joies et de peines, dans une ambiance sereine, affectueuse et paisible que permet notre fraternité en Esprit. 

    La question qui se pose à nous est donc la suivante :

    Est-ce que nos rassemblements dominicaux s’inscrivent bien dans ce schéma ?

    Et si ce n’est pas le cas, où se situent les failles ?

     

    b) Une erreur subtile mais aux conséquences délétères: 

    Par quel biais, ce moment solennel tout offert au Seigneur de l’univers, au Créateur de tout ce qui vit, dont la parole toute puissante crée et recrée selon ses desseins éternels, par quels moyens subtils, ces instants d’adoration offerts à Celui qui est descendu des cieux pour sauver les pécheurs que nous sommes, peuvent-ils être, sans que nous en ayons conscience, détournés de leur objet principal nous privant partiellement des bénéfices d’un tel rendez-vous ? 

    La raison en est simple : par l’inversion de l’ordre des motifs de notre présence ! 

    Il ne faut pas se voiler la face, notre joie d’être ensemble, la perspective de se retrouver entre enfants de Dieu, de partager l’affection fraternelle, d’échanger des nouvelles les uns avec les autres, constituent souvent l’attrait premier de notre venue au « culte » ! 

    Ne vous méprenez pas sur mes propos ! 

    Réaliser ensemble, en un même lieu, « l’Eglise, corps de Christ » visible aux yeux du monde et aux yeux des anges, est la chose la plus excellente qui puisse exister jamais ici-bas !

    Mais, le but premier de l’église locale dans ses rassemblements dominicaux, est avant toutes choses, de glorifier Dieu, de lui rendre un culte en esprit et en vérité ! 

    c) Les conséquences de l’inversion des priorités : 

    Dès lors, si nous perdons de vue la raison fondamentale de notre venue au culte, à savoir rendre un culte communautaire au Seigneur, alors, non seulement, notre cœur ne sera pas préparé ni entièrement prédisposé à l’adoration, à la louange et à l’écoute de sa Parole nous privant ainsi de multiples bienfaits spirituels, mais, de surcroît, le Seigneur verra dans notre partielle participation un sujet de tristesse tandis que l’Adversaire y verra un sujet de joie ! 

    Le pasteur Robert Dubarry, co-fondateur de l’Association Evangélique des Eglises Baptistes de Langue Française et pasteur de l’Eglise Baptiste de Nîmes, utilisait fort à propos la formule suivante : bien faire le bien !

    Elle me semble s’appliquer à la situation décrite précédemment. 

    III ) Bien faire le bien : 

    Désirer se retrouver ensemble entre enfants de Dieu est quelque chose de bien et même de très bien !

    Mais, en l’occurrence, bien faire le bien, c’est se retrouver ensemble, non seulement pour la joie que cela procure, mais en premier lieu et avant tout, pour rendre un culte à notre Dieu ! 

       1) Sire Dieu, premier servi ! 

    Or, rencontrer Dieu nous conduit infiniment au-delà de ce que nous apporte  la seule rencontre avec nos frères.

    Rencontrer Dieu, c’est rencontrer notre créateur, le Dieu trois fois saint dont la puissance et la gloire ne sauraient nous effleurer sans nous consumer, si la personne de Jésus-Christ, notre Sauveur, ne nous offrait sa divine protection.

    Rencontrer Dieu, c’est aussi rencontrer Celui dont l’Amour est allé jusqu’à pardonner l’impardonnable, à savoir le rejet de sa personne divine dont, cependant, toute la création crie l’évidente présence.

    Rencontrer Dieu, c’est franchir le parvis de son Temple et entrer dans le lieu très saint, là où Il règne dans le rayonnement de sa  gloire inégalée et inégalable.

    Rencontrer Dieu, c’est recevoir avec ravissement la chaleur de son amour de Père.

    Dès lors, quel autre motif aussi puissant pourrait nous conduire en  ce temple ?

    Reconnaissons humblement qu’il nous est arrivé d’y venir en oubliant Celui qui nous y attendait, davantage soucieux d’y rencontrer tel ou tel de nos frères ! 

       2) L’orgueil, racine de tous les maux : 

    Bien faire le bien n’est pas toujours chose facile et requiert de notre part vigilance, honnêteté, lucidité, humilité et prière. 

    Se laisser entraîner, inconsciemment ou pire complaisamment – cela peut arriver- sur cette pente dangereuse d’inversion des priorités, peut, à terme, conduire à des désastres : désastres pour l’église en tant que communauté, désastres pour les intéressés eux-mêmes. 

    L’auteur de l’épître aux Hébreux conseillait, ordonnait même à ses lecteurs dans Heb 10 v 25 :

    « N’abandonnons pas notre assemblée comme c’est la coutume de quelques-uns, mais, exhortons-nous réciproquement et cela d’autant plus que le jour s’approche ! » 

    Si quelqu’un faisait les statistiques des chrétiens qui abandonnèrent un jour leur assemblée, il est fort probable, si j’en crois mon expérience, que les 9/10° ne le firent pas pour des raisons théologiques mais à cause de problèmes relationnels avec d’autres chrétiens. 

    Tel est, en effet, le danger qui guette les enfants de Dieu, et par là, les églises, lorsque l’objet central et fondateur des rencontres dominicales, à savoir le service et l’adoration de Dieu, perd sa place et sa prééminence. 

    Dès lors, Jésus-Christ n’étant plus le pôle fédérateur d’une commune adoration, toutes les dérives sont possibles.

    Détourner nos regards du Christ, notre Modèle parfait, au nom duquel nous nous réunissons, c’est courir le risque, non seulement de ne pas profiter avantageusement de ses enseignements et de son exemple, mais, de ne plus les porter que sur nos frères.

    Et, c’est ici que l’Adversaire nous guette !

    En effet, ces derniers sont comme nous en marche vers la perfection et donc, toujours imparfaits. Dès lors, le risque est grand de voir surgir en nous les sentiments charnels de la critique, du jugement voire de la jalousie, préludes à la discorde, au ressentiment, à la séparation.

    Le Seigneur n’avait-il pas dit dans Luc 9 v 48 ? :

    « Celui qui est le plus petit parmi vous, c’est celui qui est grand ».

    Pierre n’avait-il pas rappelé cette règle d’or du comportement chrétien dans 1 Pierre ch 5v 5 ?

    « Tous, dans vos rapports mutuels, revêtez-vous d’humilité. » 

    L’orgueil, antonyme de l’humilité, constitue donc le tendon d’Achille du chrétien qui manque de vigilance et qui détourne son regard du Christ.

    Cet orgueil, qui est toujours tapi au fond de notre cœur, ne demande qu’à refaire surface dès que « l’homme nouveau » baisse la garde.

    Cet orgueil que nous parons pudiquement du terme « d’amour-propre » ! 

    C’est bien cet orgueil qui fait le plus de ravages dans les églises lorsque le Christ n’étant plus au centre des saintes assemblées, les sourires de connivence et d’affection d’hier se transforment en rictus amers, alimentés souvent par la jalousie ou l’amertume. 

    3) Comment bien faire le bien : 

    Il faut pour ce faire rétablir l’ordre des priorités !

    Prendre conscience de la majesté et de la sainteté de Celui au nom duquel nous sommes rassemblés.

    Se préparer spirituellement à cette rencontre dans le recueillement et le silence.

    Respecter ceux de nos frères qui sont déjà entrés en communion avec le Seigneur.

    Evacuer de notre esprit toute pensée qui viendrait nous distraire de notre objectif : honorer notre Dieu. 

    Une telle attitude, trop souvent négligée de nos jours, est propice à une participation active aux différents moments du culte. Elle est une condition sine qua non à une communion intime avec notre Dieu et, en même temps, à des relations saines et sanctifiantes avec nos frères.

    S’incliner devant Dieu avant l’ouverture du culte, c’est déjà Lui rendre un culte.

    C’est aussi adopter une attitude d’humilité qui gardera nos cœurs de toute tentation de jugement ou de comparaison avec nos frères car nous aurons déjà dialogué en silence avec notre Maître.

    IV ) Conclusion : 

    Il appartient aux conducteurs spirituels et aux pasteurs de faire en sorte que les cultes qu’ils président soient empreints d’une solennité qui en traduise le caractère de sainteté.

    Je n’entends pas le terme de solennité dans un sens emphatique mais dans celui de respect et de recueillement qui se marient heureusement avec la simplicité et le bon ordre.

    Se présenter devant le Roi des rois impose une attitude d’humilité et de révérence qui en traduise la grandeur et la majesté, excluant donc tout désordre et tout brouhaha constatés parfois en début de culte dans certaines communautés.

    Il appartient à tous ceux qui viennent assister – je devrais dire plutôt participer- à un culte,de prendre conscience du caractère exceptionnel de ce moment privilégié auquel le Seigneur les convie : il s’agit rien moins que d’entrer en sa présence dans le Saint des Saints !

    C’est alors, conduite par l’Esprit Saint, que son Eglise pourra Lui rendre un culte en esprit et en vérité ! 

     

    2 Corinthiens 13 v 11 

    « Au reste, frères, soyez dans la joie, 

    perfectionnez-vous, consolez-vous, 

    ayez un même sentiment, vivez en paix 

    et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous ! »

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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