•  DES PAROLES QUI NE S’ENVOLENT PAS !

    Etrange affirmation qui semble contredire l’adage populaire : les paroles s’envolent et les écrits restent !

    Encore faut-il bien définir ce que l’on entend par « paroles ».

    En l’occurrence, il ne s’agit pas ici de la forme, verbale ou écrite, mais du fond, du contenu, du sens dont ces paroles sont porteuses.

    Certaines paroles sont si légères , si dénuées de sens , si frivoles que le moindre souffle de vent les emporte comme feuilles mortes .

    D’autres, sont si denses, si riches de sens, si bien enracinées dans un terreau qui exhale la vérité qu’elles résistent à l’épreuve du temps.

    Certaines même, par ce qu’elles expriment, semblent défier le temps et portent en elles comme un parfum d’éternité !

    Les deux textes qui vous sont présentés sont de cette veine . 

    Il s’agit des versets qui introduisent respectivement le Psaume 95 et le Psaume 96 que l’on trouvent dans la Bible.

    Psaume 95 :

                          « Venez, chantons avec allégresse à l’Eternel !

                    Poussons des cris de joie vers le rocher de notre salut !

                             Allons au devant de Lui avec des louanges,

                             Faisons retentir des cantiques en son honneur !

                             Car, l’Eternel est un grand Dieu.

                             Il est un grand roi au dessus de tous les dieux ! »

    Psaume 96 :

                           « Chantez à l’Eternel un cantique nouveau !

                              Chantez à l’Eternel, vous tous, habitants de la terre !

                              Chantez à l’Eternel, bénissez son nom,

                              Annoncez de jour en jour son salut !

                              Racontez parmi les nations sa gloire,

                              Parmi les peuples ses merveilles ! »

    Y a-t-il dans la littérature des hommes un seul texte qui soit animé d’un tel souffle, d’une telle puissance, d’une telle force de conviction, d’un tel élan et qui offre à ses lecteurs un spectacle et des perspectives aussi grandioses ?

    Certes, il vous sera possible de vous émerveiller devant tel ou tel joyau ciselé par la plume experte d’un grand écrivain ou d’un illustre poète, et vous serez peut-être transportés par la beauté des images évoquant la nature dans ce qu’elle peut avoir de délicat comme de majestueux, de paisible ou au contraire de tumultueux, éveillant en vous toute la palette de vos sentiments ; vous serez peut-être aussi bouleversés par l’admirable éloge porté par une grande voix à l’occasion des funérailles d’un personnage de haut rang accompagné jusqu’au Panthéon , et ce sont là des réactions naturelles ! 

    Mais, cependant, vous vous devez de reconnaître qu’une fois ces grandes émotions éteintes , il ne vous reste plus qu’un souvenir appartenant au passé que le temps va se charger d’estomper irrémédiablement.

    C’est qu’en effet, aussi admirables soient ces textes, aussi émouvants soient ces discours, ils ne font que décrire des objets, animés ou inanimés, qui participent d’un monde qui passe et qui meurt, nous renvoyant tragiquement à notre condition humaine stigmatisée par son éphémérité !

    Ainsi s’éteint le souffle qui portait aux nues, création et créature, dans un inéluctable retour à ses origines, la terre, terme de toutes les espérances et de toutes les illusions !

    Mais, revenez aux Psaumes dont nous avons lu les premiers versets et vous y découvrirez les raisons profondes qui en font des textes exceptionnels !

    Ici, point de tristesse , point de frayeur, point de regrets stériles, point de larmes vraies ou fausses, point de visages compassés, point d’émotions fugaces ni de sentiments labiles !                                                          Point non plus de repliement sur soi dans la douleur et la souffrance, pas plus que de jouissance savourée dans le cercle étriqué de l’intimité de son moi égoïste !

    Ici, tout se conjugue au pluriel dans une communion d’allégresse qui se nourrit de la joie de l’autre, pour aller en s’amplifiant dans un mouvement ascendant qui part de la terre pour monter jusqu’aux cieux !

    Mais, à quoi ou à qui devons-nous un tel enthousiasme ?

    D’où vient cette force d’attraction qui provoque ainsi une telle mobilisation ?

    En quel lieu mystérieux, à quelle source aussi vivifiante, le psalmiste est-il allé puisé son inspiration pour oser proclamer une convocation aussi universelle ?

    Invoque-t-il la grandeur, l’intelligence ou la puissance d’un homme porté au rang de demi dieu à l’image des vainqueurs romains promus à l’apothéose ?

    Ou mieux encore, fait-il référence au démiurge de Platon qui, dans sa Timée, est présenté comme une intelligence pure ordonnatrice du cosmos ?  Nullement !

    Invoque-t-il les éléments naturels comme autant d’entités supraterrestres ou de divinités immanentes susceptibles de justifier un tel engouement ?  

    Nullement ! Car, en effet, le regard du psalmiste est attiré par un personnage infiniment plus haut placé dont la stature et le pouvoir échappent à toute conception humaine . Il s’agit, rien moins que du grand Roi qui règne au-dessus de tous les dieux !

    Mieux encore ! Il porte le nom glorieux d’Eternel, le grand Dieu qui habite dans les cieux .

    Mieux encore ! Il nous est présenté comme le Dieu créateur.

    Mieux encore ! Il est appelé le rocher de notre salut.

    Dès lors, nous comprenons mieux la richesses des résonances dont vibrent ces textes qui ont traversé les siècles pour nous atteindre , aujourd’hui .

    Plus que cela encore, elles savent faire vibrer les cordes de nos cœurs, naturellement sensibles à la dimension de l’éternité.

    Et, c’est bien parce que l’Eternel-Dieu a mis en chacun la notion de l’éternité que l’image du «  rocher de notre salut » appelé aussi « le rocher des siècles » prend encore plus de relief.

    Or, voici que ce « rocher du salut » que le psalmiste évoque avec tant de flamme, rappelant implicitement les actions salvatrices de l’Eternel en faveur d’Israël, son peuple, voici qu’il se présente devant nous sous les traits d’un personnage hors du commun, ceux-là mêmes de Jésus-Christ , le Fils de Dieu, devenu fils de l’homme pour le salut des hommes.

    C’est ce Jésus qui nous a laissé ces paroles que nul autre ici-bas n’a osé prononcer :

    « si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eaux vives couleront de son sein. » ( Evangile de Jean ch 7v38 cf  Esaïe ch 12v3 et ch 55v1 )

    L’apôtre Paul, s’adressant aux chrétiens de Corinthe ( 1 Cor ch10v1à4) affirme la préexistence de Jésus-Christ en le présentant de manière métaphorique comme le « rocher spirituel » qui suivait son peuple dans le désert pour le désaltérer :

    «  nos pères ont bu dans le désert le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait et ce rocher, était Christ . »

    Que dire de plus, sinon que, forts de ce que nous connaissons de la grâce de Dieu, manifestée en Jésus-Christ, mort pour le rachat de nos fautes et ressuscité pour notre justification , toutes choses que le psalmiste ne faisait qu’entrevoir, nous ne pouvons que nous laisser porter par le même souffle d’en-haut dans une louange jaillie de nos cœurs débordants d’une reconnaissance éternelle.

     Alors, mes amis, venez, chantons avec allégresse à l’Eternel !

    Poussons des cris de joie vers le rocher de notre salut ! 

    Racontons parmi les nations sa gloire,

    Parmi les peuples ses merveilles !

                                                                                                      

          Jean-Marc Ausset, le 15/11/2009

     

     

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